Bonjour à toutes et tous,
Ce que nous avons à vous présenter est en réalité très simple, mais comme beaucoup de choses simples, voire trop simples, elles demandent beaucoup d’explications pour être intégrées. C’est pourquoi nos posts seront pour nombre d’entre eux assez longs.
C’est un parti pris, car c’est le prix à payer pour permettre à la simplicité de s’imposer. Les conclusions de ce que vous vous apprêtez à découvrir sont peut être simples, il n’en reste pas moins vrai que Le modèle TAM©, pour Talent Activator Model change beaucoup, change peut-être tout. Il change le regard que nous portons sur nous-mêmes, comme celui que nous posons sur autrui. Il change le regard que nous portons sur nos vies en communauté, en équipe, en famille, sur nos organisations humaines et peut-être même sur nos institutions.
Pour ce premier post, nous vous proposons aujourd’hui de commencer par vous relater « Là où tout a commencé », la petite histoire du modèle.
Ce modèle est né chez moi d’une grande frustration égotique. A l’époque, en 2001, je travaillais avec un certain Nicolas Maes. Nicolas était un ancien consultant IT de PriceWaterhouseCoopers Australie. Il était venu trouver le centre d’entreprises « Iles / La Lustrerie » dans lequel je travaillais à Bruxelles avec comme objectif de lancer une solution informatique visant à améliorer la gestion des Emails en entreprise. Nous avons travaillé une bonne année ensemble sur ce projet. Mon rôle, outre d’orienter Nicolas dans ses choix entrepreneuriaux, était essentiellement de garder le point de vue client. Je pouvais ainsi lui faire des retours d’usage sur les solutions qu’il développait. Nicolas était déjà bien loin dans le développement de sa solution, lorsqu’il est entré un jour dans mon bureau. Il venait m’annoncer qu’il arrêtait le projet. Il avait trop dépensé et manquait de vision claire sur les étapes suivantes et surtout sur l’aboutissement final. On s’est serré la main à la fin de cette entrevue en se disant au revoir. Nicolas est alors retourné vivre en Australie et on s’est très vite perdus de vue.
Jusqu’au jour où il m’a envoyé un mail. Cela faisait deux, trois ans déjà que je n’avais plus de nouvelles de lui. Dans son mail, se trouvait un lien vers une solution informatique qu’il me proposait de découvrir. Il y avait également le message suivant : « Je ne sais pas si je dois regretter de ne pas avoir été jusqu’au bout ou me satisfaire de l’avoir réalisé avant eux ».
En cliquant sur le lien, j’ai découvert un système de messagerie dont le cœur de solution s’organisait autour des principaux développements sur lesquels Nicolas avait travaillé. Nous étions en été 2004 et Google venait de lancer le service de messagerie qui est aujourd’hui l’un des plus populaires au monde, le fameux Gmail*.
Nicolas l’avait quant à lui pensé et développé trois ans auparavant.
Alors oui, à l’époque j’ai répondu au mail de Nicolas en lui disant qu’il devait surtout être fier de ce qu’il avait accompli et ne pas trop penser à ce qu’il aurait pu en faire s’il avait été jusqu’au bout…
Et non, il n’avait pas été jusqu’au bout… Mais pour ma part cette histoire était aussi mon échec. L’échec de mon accompagnement. Alors bien entendu, je savais qu’une bonne idée ne vaut rien sans sa réalisation. Mais dans un coin de ma petite tête venait de s’ancrer l’ambition de ne plus jamais laisser un entrepreneur, de bonne volonté et ayant une bonne idée, ne pas aller jusqu’au bout de sa réalisation.
Il fallait que je m’améliore dans mes conseils, c’est certain. Il fallait aussi que j’arrive à rendre les entrepreneurs plus forts, il fallait que je développe leurs capacités humaines, afin qu’ils parviennent à dépasser les écueils et également leurs doutes.
C’est dans ce but qu’à cette époque j’ai commencé à m’intéresser au développement personnel. Je me suis attelé à bien comprendre toute une série de modèles décrivant différentes typologies de personnalités. J’y reviendrai dans un prochain post expliquant les bases du modèle.
Aujourd’hui, seize ans plus tard, j’arrive donc moi aussi avec un modèle. Mais ce modèle ne parle pas de rendre les individus plus forts en développant leurs capacités. Au contraire, il les invite à surtout rester bien centrés sur ce qu’ils sont et à ne pas chercher à devenir quelqu’un d’autre qu’eux-mêmes.
- Un modèle qui leur propose de partir à la découverte de leur zone de confort, au lieu de sans cesse chercher à en sortir.
- Un modèle qui prend la tangente des pratiques de développement du potentiel humain proposées et activées par petits stretchs successifs ou pire par des stretchs radicaux.
Pour mieux illustrer le propos, je voudrais prendre l’exemple suivant.
Celui de parents qui, confrontés à un enfant faisant preuve d’une extrême gentillesse et d’un souci de contenter ses frères, sœurs et camarades, se mettent à craindre pour son avenir. Certes, nous savons que notre monde peut se révéler bien dur et même par moment sans pitié pour ceux qui ne sont pas capables de défendre leur place, leurs intérêts.
Cette situation m’est arrivée comme elle est arrivée à nombre d’autres parents. Dans une telle situation et c’est bien légitime, nous savons que nous ne vivons pas dans un monde de Bisounours, nous prenons conscience qu’il va falloir aider cet enfant. Nous allons devoir lui apprendre à se défendre, à pouvoir encaisser et rendre des coups, à ne pas se laisser marcher sur les pieds. Si vous avez été confronté.e à une telle situation, vous savez que cet enfant devra se faire violence pour arriver à adopter une telle posture. S’il arrive à la tenir ne fût-ce que dix minutes, il finira par céder irrémédiablement et en reviendra à sa bonté naturelle. Ce sont ainsi un long apprentissage qui commence, des crises de larmes fréquentes qui s’annoncent et votre cœur de parent qui saignera souvent.
Mais lorsque vous aurez fini de lire tous nos articles du blog, vous déciderez alors peut-être de changer de stratégie. Vous déciderez peut-être de soutenir cet enfant dans sa bonté naturelle en l’invitant tout simplement à s’adonner au bonheur de l’aide qu’il apporte aux autres, en les consolant, les rassurant, leur pardonnant.
C’est alors que vous comprendrez qu’une autre transformation peut prendre cours, la vôtre, celle de vos frères, vos sœurs, vos camarades. Celle qui confère à la bonté de certains individus une véritable valeur pour la société. Tout comme celle qui confèrera à la distraction créative d’un autre de vos enfants une toute autre véritable valeur.
Peut-on encore accepter qu’en 2020, on en soit encore réduit à apprendre à des poissons à grimper aux arbres ! N’a-t-on rien appris de la célèbre citation d’Einstein ? N’a-t-on pas appris qu’il y avait un génie en chacun de nous ? Avons-nous encore besoin de faire rentrer nos enfants dans des clous qui ne sont pas les leurs, de telle sorte qu’ils finissent par croire qu’ils sont stupides ?
Nous devons sortir de cette situation où quelques-uns pensent savoir ce que tous les autres doivent faire pour réussir.
De ce point de vue-là, oui, en deux mille ans le monde a changé. Dans nos sociétés occidentales, il n’y a plus d’empereurs, de monarchies dictatoriales, de seigneurs, pas plus que de manants, ni d’esclaves. Non, les femmes n’en sont plus réduites du point de vue de la loi à se plier au bon vouloir des hommes.
Cependant, dans la vie de tous les jours, ce n’est pas encore gagné. Les femmes doivent encore se battre pour arriver à une équité de traitement et, si vous y regardez bien, il reste encore bon nombre de privilèges de sang. En Belgique, dans le monde politique comme dans le monde des affaires, il y a ainsi quelques grandes familles qui réservent des chances supérieures dans la vie à ceux qui ont la chance d’y être nés.
Si mon père s’était appelé Georges W.Bush et non Gérard Bouche, j’aurais très probablement pu prétendre à un poste à la chambre ou au sénat américain. Il en a été de même pour les Clinton ou les Kennedy.
Alors voilà, en deux mille ans le monde a connu moultes révolutions cherchant à libérer les manants, les esclaves, les femmes, les travailleurs. Et si ces révolutions ont permis d’avancer quelque peu, les bons vieux réflexes de dominance de quelques-uns sur l’innombrable reste des individus sont revenus à la charge et se sont inlassablement réinstallés. L’Humanité cherche sa liberté mais n’est jamais parvenue à la faire aboutir, à aller jusqu’au bout,… pas plus d’ailleurs que Nicolas, notre développeur informatique. Et quand ce n’est pas la dominance de quelques-uns, c’est un virus invisible, qui ne parle pas, qui n’a pas d’armes, pas de titres, pas d’argent mais qui tue et qui est parvenu à nous obliger à nous terrer chez nous. Nous cherchons notre liberté et nous voulons tous aller jusqu’au bout pour venir à bout de ce qui nous opprime.
Les posts que vous allez pouvoir suivre cherchent à vous faire comprendre tout simplement que les seules situations que nous devons éviter, ce sont les situations de dominant – dominé. Nous devons éviter de nous imposer aux autres. Pour le reste, il ne convient pas tant de se servir de cette crise pour nous améliorer, mais plutôt pour révéler le génie qu’Einstein a toujours vu en chacun.e de nous. Arrêtons d’abord de nous disputer les uns les autres, comprenons que nous avons tous quelque chose de différent à apporter pour passer au-dessus de la situation.
Et si nous arrêtons de croire qu’il faut toujours nous développer pour réussir, nous pourrons alors nous consacrer à comprendre la valeur que nous avons là, maintenant, que nous portons tous en nous. Ensuite, nous pourrons rentrer dans une dynamique collective visant à mieux faire collaborer les valeurs de chacun.e. Et alors, nous pourrons collectivement et simultanément :
- Soigner nos relations
- Faire face à la situation
- Envisager l’avenir plus sereinement
Si je devais recroiser un jour Nicolas, le développeur informatique dont il était question ci-dessus, je lui expliquerais tout simplement, que notre plus grande erreur a été de croire que toute la valeur que lui et moi pouvions apporter était suffisante pour aller jusqu’au bout. Nous n’étions tout simplement pas assez entourés de la valeur d’autres individus.
Concernant l’histoire avec Nicolas, elle peut paraitre extraordinaire. Mais, elle ne l’est pas ! Ma longue expérience dans l’accompagnement de l’innovation dans les entreprises et les startups m’a amené à comprendre que ces situations se produisent quotidiennement partout dans le monde. Une idée géniale ne trouve pas tant sa source dans le génie de quelques cerveaux, que dans le surgissement d’un problème, d’une plainte dans la société. Et, au quotidien, nous sommes en réalité nombreux à observer les problèmes et les plaintes des uns et des autres. Il est donc plus que probable qu’à l’époque bon nombre de cerveaux de par le monde réfléchissaient à trouver une solution à la problématique de la gestion des emails en entreprise. Mais les cerveaux de Google avaient à leur disposition une équipe et des moyens qui leur ont permis de concrétiser plus rapidement et plus efficacement que les autres. C’est aussi simple que cela, et cela arrive tous les jours.
Je poursuivrai la suite de cette petite histoire demain dans un prochain post.