Et si les belges francophones tournaient le DOIGT à la révolution digitale?

Et si les belges francophones tournaient le DOIGT à la révolution digitale?

Il y a de cela quelques mois, je posais la question suivante à une quarantaine de jeunes exerçant un métier dans le digital à Paris : « Pourriez-vous, sur base des technologies actuelles, réinventer le métier d’un pizzaiolo spécialisé dans le Take away et la livraison à domicile ? »

Au bout d’une dizaine de minutes, nous avions totalement réinventé le métier.

Nous avions :

  1. Un robot capable de reproduire parfaitement les gestes les plus précis du pizzaiolo.
  2. Grâce à l’intelligence artificielle et via un Bot intégré, il était également capable :
    • De prendre les commandes des clients tant vocales que numériques.
    • D’anticiper mieux que jamais les commandes potentielles journalières, car il est connecté à la météo, aux infos trafics,… mais également aux agendas des clients
    • D’assurer seul ses commandes de matières premières, mais également d’énergie.
    • De déterminer, quasi à la seconde près, l’horaire de retrait et/ou de livraison des plats commandés.
    • De personnaliser les commandes des clients sur base de leur feedback (plus cuit, moins cuit, plus piquant, moins piquant,…)
    • De générer les circuits de livraison les plus efficients et de sélectionner les meilleurs livreurs pour les réaliser.
    • De programmer seul, grâce aux algorithmes de maintenance prédictive, sa propre maintenance et d’en fixer la date et l’horaire.

Sur base de ce premier résultat, j’ai alors posé ma deuxième question : « Où  avons-nous encore besoin de l’être humain dans un tel modèle ? »

Nous sommes alors arrivés aux conclusions suivantes :

  1. Une équipe de développement et de gestion du projet (quelques personnes)
  2. Une équipe pour installer les robots et gérer la maintenance (à peine plus de personnes que l’équipe de développement et de gestion)
  3. Des équipes de livraisons (une bonne quantité de livreurs de Deliveroo ou de Uber Eat par exemple)

En réalité, avec des emplois dans l’UX en plus, c’est un peu la synthèse de ce que j’ai eu l’occasion d’entendre cette dernière année dans la bouche des décideurs et leaders d’opinions lors de leurs prises de paroles dans la série de conférences et autres évènements liés à l’avenir du travail dans un monde digitalisé.

Maintenant, sachant qu’en Wallonie, on prévoit, tant des points de vue syndical, patronal, universitaire que politique, une destruction de près de 40 à 50% des emplois actuels, je ne pense pas que l’on puisse espérer enthousiasmer toute une population, ni même toutes les entreprises avec pour seule vision les créations d’emploi dans le digital, dans l’UX, dans la maintenance et dans le transport ou la livraison.

Cela fait en réalité plus de deux ans maintenant, qu’au travers de différents projets, je m’intéresse plus particulièrement à cette question. En travaillant avec une équipe d’une vingtaine de personnes issues du monde de l’entreprise, notamment autour du projet 4T Agency, j’en suis arrivé à la conclusion que, si nous voulons accélérer la transition vers une économie digitalisée, il fallait au minimum mettre trois grands points en avant.

  1. L’urgence et l’importance.

Il faut arrêter de parler de 4ème révolution industrielle quand on parle de la révolution digitale. Nous sommes en réalité face à la deuxième grande révolution mettant en échec l’être humain sur ses propres capacités. La première a mis en échec l’homme sur une bonne partie de ses capacités physiques et elle a commencé avec l’invention de la machine à vapeur. La deuxième vient de nous mettre en échec sur une bonne partie de nos facultés intellectuelles et elle a commencé, pour ainsi dire, avec l’invention de la calculette.

Une mise en échec sur nos propres capacités intellectuelles!

Nous ne vivons pas une révolution de plus, nous vivons la deuxième toute grande révolution ! C’est quelque chose de majeur qui peut bouleverser complètement les rapports de forces, notamment en matière économique, dans le monde. En d’autres termes, si nous ne nous dépêchons pas d’agir, nous pourrions très bien nous retrouver dans une vraie situation de pauvreté dans les prochaines années. Je ne pense pas qu’il y ait un seul belge francophone qui aspire à cela.

  1. Susciter de l’enthousiasme.

Parce qu’elles savaient lire ou calculer, il y a de cela 150 ans, certaines personnes se sont vu proposer de quitter leur travail dans les mines pour prendre place dans un bureau. C’était plus que probablement un rêve pour ces personnes et la promesse de quitter définitivement un métier pénible. Et cela, c’était enthousiasmant.

Une mobilisation du Génie et des passions individuelles!

Maintenant, il faut pouvoir dire à nos contemporains que derrière cette deuxième révolution majeure qu’est la révolution digitale se cache la même promesse. Une promesse de pouvoir quitter un métier actuel rendu pénible (pensons au burn-out, bore-out, brown-out,…) par la répétition de tâches intellectuelles ne procurant que très peu de sens aux individus qui les exercent. La promesse d’un avenir du travail où l’être humain aura la chance d’exercer son génie dans des domaines qui le passionnent vraiment.

En réalité, comme il y a de cela plus d’un siècle, l’homme doit aujourd’hui chercher à délivrer une valeur supérieure à celle de la machine et de l’intelligence artificielle. Les neurosciences ont démontré l’existence de cette valeur et du potentiel de Génie (la société 4T Agency parle, quant à elle, du T@lent) chez chacune et chacun dans la mobilisation des zones du cortex préfrontal de notre cerveau.

Ces zones de notre cerveau sont les seules à même de générer des idées. Tant que le fameux « point de singularité » ne sera pas dépassé, jamais une intelligence artificielle ne pourra produire une idée, jamais elle ne pourra disrupter, jamais elle ne pourra sortir de ce pourquoi elle a été programmée. Au jour d’aujourd’hui, seul l’être humain peut faire tout ça. Et c’est pour cela que nous gardons, un potentiel de création de valeur et de valeur économique plus élevé que l’I.A.

Alors, oui demain l’avenir du travail s’organisera autour d’équipes, de collectifs mettant en œuvre leurs idées nouvelles dans les domaines qui les passionnent. Et présenté comme cela, l’avenir du travail de l’homme est vraiment enthousiasmant !

Il convient encore cependant de couper l’herbe sous les pieds de toutes celles et ceux qui cherchent à se convaincre qu’ils n’ont aucun génie ou de tous ceux et celles qui, bien que se reconnaissant un potentiel de génie, ne peuvent croire que tout un chacun en dispose. Je suis certain qu’il y a de cela plus d’un siècle maintenant, bon nombre de gens de l’époque se pensaient ou pensaient d’autres incapables d’apprendre des savoirs et des compétences. Aujourd’hui, nous savons que c’était faux. Et c’était faux parce que nous avions tous la matière cérébrale pour le faire.

C’est la même chose aujourd’hui, je ne connais aucune personne qui à l’observation d’un IRM ne mobilise pas son cortex préfrontal (Flèche rouge dans l’illustration ci-dessous).

Donc, rassurons-nous, cet avenir, en nous permettant de mettre en œuvre collectivement les idées qui nous passionnent, est promis à chacun d’entre nous.

  1. Mobiliser :

Il faut qu’aujourd’hui nous investissions rapidement cette promesse d’un avenir enthousiasmant.

Il faut que les professionnels de l’éducation s’intéressent à des initiatives comme celle de l’école démocratique de l’Orneau. Cette initiative tout à fait innovante mobilise le potentiel de génie des enfants dès 3 ans et ce jusqu’à leurs 18 ans.

Il faut que les dirigeants d’entreprise et leurs services RH s’intéressent et s’entourent de sociétés, comme la société 4T Agency, spécialisée dans l’activation des T@lents en entreprises. Si les organisations de travail et les entreprises ne s’intéressent pas rapidement à la question du potentiel de génie qui se cache derrière les savoirs et compétences de leurs équipes, elles seront obligés de licencier ces savoirs et compétences, rendus désuets par l’intégration de solutions d’intelligence artificielle dans leur entreprise. Ils devront ensuite réengager du potentiel de Génie, ce même potentiel qu’ils auront pris soin de licencier auparavant. Résultat, un gaspillage incroyable de temps et d’argent.

Il faut que les responsables d’organisations patronales, syndicales, que les responsables politiques investissent un tel discours, qu’ils le fassent leur. Qu’ils arrêtent d’opposer à l’assurance de la destruction d’emploi les seules pistes de création d’emploi dans le digital, l’UX et la livraison.

L’avenir est beaucoup plus enthousiasmant.

Une course que l’on peut décider de gagner!

Il faut arriver à mobiliser globalement les belges francophones sur ce qui est en réalité devenu une course au niveau mondial. Une course dont l’objectif est de proposer aux entreprises internationales une nouvelle forme de main d’œuvre qualifiée. Si la réputation de notre main d’œuvre n’est plus excellente, alors on court un vrai grand risque de paupérisation. Et cela, on ne peut pas la cacher, car c’est la réalité ! Et cette course, en réalité est très frugale, elle ne demande finalement que très peu d’investissement en regard de l’enjeu. Pour la gagner ou à tout le moins la finir dans les tous premiers, il ne nous manque qu’une chose : décider d’y aller !

 

Aujourd’hui, nous sommes une 30 aine de décideurs à en être convaincu, n’hésitez pas à nous rejoindre. Plus nous serons nombreux, plus nous serons susceptibles de concourir cette course pour la gagner et ainsi rendre à la Belgique et plus particulièrement à la Belgique francophone une place de choix dans l’économie mondiale.

 

Banzaï!

Olivier Bouche 
Professeur Invité à la Grenoble Ecole de Management, en charge du cours d’entrepreneuriat du Web
à l’Ecole Européenne des Métiers de l’Internet à Paris. Général Manager & founder @WIKILABS.

 

 

 

2018-03-14T11:08:51+00:00